De quoi est capable le fils ? | Les contes de Terremer

Bonjour à tous et bienvenue sur le blog de Komorebi pour parler de la lignée Miyazaki, de sorcière, d’animation et de prince. Aujourd’hui au programme c’est Les Contes de Terremer, puisque je reprends enfin le marathon le plus long du monde sur ma découverte des films du studio Ghibli. N’hésitez pas à me partager votre avis sur cette œuvre, j’en discuterai avec plaisir. Bref, qu’est-ce que c’est et qu’en ai-je pensé ? C’est parti !

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Film d’animation japonais
Réalisateur : Gorō Miyazaki
Producteur : Toshio Suzuki
Scénariste : Gorō Miyazaki/ Keiko Niwa
Studio d’animation : Studio Ghibli
Compositeur : Tamiya Terashima/ Carlos Núñez
Durée: 116 minutes
Sortie : 29 juillet 2006/  4 avril 2007

Les aventures du jeune Arren, prince du royaume d’Enlad, qui va s’allier aux forces du grand magicien Epervier, pour rétablir l’équilibre du monde rompu par une sorcière maléfique. Dans le combat qui s’annonce, Arren et Epervier croiseront la route de Therru, une mystérieuse jeune fille. Ensemble, ils dépasseront leurs peurs et uniront leurs destins pour mener le plus fascinant des voyages.

Synopsis

Mon avis : Les Contes de Terremer est un film d’animation japonais de Gorō Miyazaki du Studio Ghibli, sorti en 2006. L’histoire est librement inspirée des premier, troisième et quatrième livres du cycle de Terremer, de Ursula K. Le Guin : Le Sorcier de Terremer, L’Ultime Rivage et Tehanu. Le film reprend aussi beaucoup d’éléments du Voyage de Shuna, un manga de Hayao Miyazaki. Je me demande bien ce que je vais penser de ce long-métrage d’animation du fils du fameux Hayao Miyazaki qui est adapté d’une saga littéraire.

C’est beau mais qu’est-ce que c’est mou ! Avec Goro, on a l’impression d’assister à la version cheap de Miyazaki, et ça c’est franchement dommage. Le potentiel est évidemment là puisque singer des talents est une bonne idée pour s’en créer mais ça deviendra vraiment intéressant à regarder quand Goro rajoutera sa patte personnelle.

Ayant lu le pitch au préalable, je dois dire que j’étais assez pressé de découvrir le film, mais j’étais aussi un peu inquiet au vu des avertissements de pas mal de mes éclaireurs au sujet de la deuxième moitié du film qu’ils me garantissaient décevante. Généralement chez Ghibli, on distingue 2 types de productions, il y a d’un côté les oeuvres excellentes notables telles que Chihiro, Princesse Mononoké, le château dans le ciel… et les oeuvres clairement « secondaires » à la notoriété plus discutables à l’instar de je peux entendre l’océan et le royaume des chats. Mais Les contes de Terremer…j’avoue qu’il est un peu dur de savoir à quelle catégorie on a affaire; par devant, les Contes de Terremer possède de nombreux atouts et un charme évident qui nous attire à l’image de son univers et son ambiance fantasy/fantastique mais paradoxalement le film déçoit dans la mesure où il souffre d’un caractère très incomplet et laisse un goût vaguement amère à la fin du visionnage, comme si le film n’avait finalement pas réussi à être à la hauteur de l’ambition qu’il dégageait au commencement.

Point par point; d’abord l’histoire, l’histoire des contes de Terremer est à la lecture du pitch très tentante, ça vend de l’aventure, une quête initiatique dans un royaume magique imaginaire avec un jeune prince devant lutter contre un sorcier maléfique. Plutôt basique pourrait on penser mais quand on sait ce que peut faire le studio de Miyazaki, on a envie de redécouvrir ça à la sauce japanimation, d’autant que contrairement à Kiki la petite sorcière ou Miyazaki (le père) avait volontairement choisit de coller son récit sur un cadre réaliste, Goro lui a bel et bien opté pour le fantastique en premier plan plutôt qu’au second qui sert habituellement d’appui aux métaphores pour les leçons de vie.

Là ou on aurait plus de reproches à faire c’est sur la façon dont le scénario est mené, le problème étant qu’on introduit plein d’éléments dans l’univers de Terremer mais beaucoup arrivent comme un cheveux sur la soupe, sont là pour remplir le fond ou sont tout simplement délaissés. On a cette impression plutôt désagréable que le récit se cherche, que les péripéties sont reliées entre elles au fur et à mesure, d’autant que le milieux du film comporte comme beaucoup le disent un bon nombre de creux et de temps morts. Là ou par Contre les Contes de Terremer est réussi c’est dans la morale qu’il défend sur la vie et la mort (bien qu’on en vient à se demander ce que ça vient faire là), le propos est très bien argumenté est défendu, il réussi à être profond et nous percute.

Organisé autour de la quête de la vie éternelle du grand méchant, Goro soulève bon nombre de questions sur la valeur de la vie : notre vie a-t-elle encore du sens une fois que nous sommes devenu immortels ? Ne sommes nous pas déjà mort à partir du moment ou nous devenons immortels dans la mesure ou l’équilibre entre la vie et la mort n’est plus ? Faut il refuser la mort ou l’accepter pour vivre heureux ? C’est profond et toute la magie est orientée afin de servir ces thématiques. Niveau personnages…c’est moyen, ils ne sont pas originaux que ce soit physiquement ou au niveau de leur personnalité. Le héros Arren pardon, un prince maudit avec un lourd fardeau.

Son personnage est trop complexe et un peu trop « déconnecté » à mon goût pour être vraiment attachant. Pareil pour l’héroïne Therru, jeune fille insociable, traumatisée par son passé d’enfant maltraitée, c’est sensé nous émouvoir sauf qu’on ne développe jamais son background, le fait qu’elle parle peu n’améliore pas l’affaire non plus et j’ai trouvé sa relation avec Arren mal gérée, ça passe du coq à l’âne et ça en devient peu crédible tellement on sent que c’est forcé. Epervier, archi mage en bon mentor pour Arren, pas grand chose à dire sur lui, juste un peu déçu, je l’imaginais plus badasse que ça. Le méchant est réussi, Aranéide, sorcier convoitant la vie éternelle au visage lugubre, un méchant qui n’a pas grand chose à envier à la sorcière Yubaba dans Chihiro.

Niveau graphisme le dessin est beau, fortement ressemblants à ceux de Mononoké, des couleurs nuancées, tantôt claires et agréables qui mettent en valeur le côté paisible de la ferme et des champs, tantôt sombres et glauques pour mieux coller à l’ambiance inquiétante des douves du château d’Aranéide et de la magie noir. La musique n’est pas plus marquante que ça, excepté le douce chanson de Therru « Teru no uta » chantée par Aoi Teshima, très jolie !

Le fils n’a pas le talent du père, du moins il ne le montre pas sur ce film, qui n’est pas mauvais, mais qui manque cruellement de passion et de fond… Il n’arrive pas à passionner, même si la fin relève un peu le niveau, le tout reste confus.

Sur son site web, Ursula K. Le Guin a exprimé une réaction mitigée à l’égard de cette adaptation animée, dont elle espérait pourtant beaucoup.

Elle y explique notamment comment, vers 1984, elle avait refusé une première offre de Hayao Miyazaki, qui venait de terminer Nausicaä (dont les capacités de l’héroïne à comprendre le vent sont en partie inspirées du cycle Terremer), mais dont elle ne connaissait pas encore l’œuvre. Ce n’est qu’en 1999, à la suite de sa découverte tardive de Totoro, qu’elle tomba sous le charme du réalisateur japonais et reprit contact avec lui pour rediscuter les termes d’une adaptation cinématographique de Terremer.

Lors d’une entrevue avec Miyazaki en 2005, Le Guin apprit avec désarroi que ce dernier (qui se disait alors proche de la retraite et cherchait désespérément un successeur) avait l’intention de confier la réalisation du film à son fils Gorō, tout en assurant à l’écrivaine qu’il en superviserait la production. Miyazaki père n’eut pourtant aucun rôle dans cette adaptation et fut souvent en désaccord avec les choix de son fils.

Ursula K. Le Guin regrette que ces rapports tendus aient vraisemblablement nui à l’intérêt du film, dont elle apprécie globalement les qualités visuelles mais qui n’est cependant pas fidèle à l’esprit de son univers. Elle dit ainsi à Gorō : « Ce n’est pas mon livre. C’est votre film. C’est un bon film. »

Pas grand chose à rajouter, en conclusion, Les Contes de Terremer est un Ghibli qui se laisse regarder qui, faute de tenir toutes ses promesses parvient à donner une belle leçon sur la vie et la mort, le tout mêlé à de la magie et de l’aventure. Comme pour quelques films moins « importants » du studio, ça manque d’être véritablement à la hauteur de l’ambition et du potentiel dont disposait l’univers de l’oeuvre au départ néanmoins, quand bien même Goro n’est pas son père, il s’en tire bien plus qu’avec les honneur et j’espère que ses prochains films réussiront à confirmer son talent, nul doute qu’à terme son travail portera ses fruits.

😑


Merci beaucoup de m’avoir lu. N’hésitez pas à me partager votre avis sur ce titre et sur cet article et à me partager tout ça, ça m’aidera beaucoup. On se revoit très vite. Merci à tous, c’était Komorebi !

5 commentaires

  1. Ça fait quelques années que j’ai vu ce film, et comme toi, il ne m’a pas laissé une forte impression. C’est joli, le chara-design est soigné et l’univers plutôt intéressant mais c’est très mou et pas cohérent comme tu dis.

    Il se laisse voir, tout de même, mais ce n’est clairement pas un chef d’œuvre.

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    • Clairement, on sent un potentiel certain mais j’ai tout de même préféré les premiers pas de son père au sein du studio Ghibli par exemple. Mais j’attends volontiers de voir l’évolution pour juger plus et ça tombe bien puisqu’il me reste certains de ses films à découvrir dans mon marathon.

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      • Tout à fait, c’était de toute façon sa première réalisation il me semble. En plus, faire une adaptation n’est pas toujours facile car il y a le matériau de base qui peut influencer.
        Comme toi, j’attends également de voir ce que ça donnera par la suite.

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Répondre à Novembre 2020 | Bilan mensuel #11 – Komorebi Annuler la réponse.